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Louis XIV au jour le jour

07 mars 1707: Pierre de Guethem

7 Mars 2015 , Rédigé par Louis XIV au jour le jour Publié dans #Pierre de Guethem, #Tourcoing

Un groupe de mercenaires dont on connaissait la provenance et voire même les noms, a tenté d’enlever Monseigneur  le Dauphin.

 

Gravure représentant le carrosse du Dauphin, cette fois ci sans 7è cheval porte flambeau.

Beringhen fut instamment prié de l’emprunter ce soir là.

Ce ne devait pas être pour passer inaperçu

 
 

Mais, comme par hasard, tiré par six chevaux, dans le carrosse de Monseigneur, aux armes de Monseigneur, avec valets portant les livrées de Monseigneur, cocher et porte flambeau sur un septième cheval de Monseigneur, il n’y avait pas Monseigneur mais le Premier écuyer marquis de Beringhen.

 

C’est dans un tel équipage que les Berignhen pourraient quitter leur domicile pour Versailles.

Deux heures de route

 

Monsieur le Premier avait pris soin d’arborer comme à son habitude et à son plus grand plaisir le grand  ruban bleu dont le roi lui avait fait l’honneur quelques mois auparavant.

 

Il y eut donc méprise, on se trompa de colis. Ravisseurs et « ravi » prirent la route du Nord où ils se firent cueillir près de Péronne.

 

Tout le monde revint sur ses pas à Versailles où le roi félicita son écuyer et !!! le chef des « terroristes »

 

On couvrit d’or le terroriste et on lui fit la fête avant de le laisser rentrer chez lui

 

Vous avez bien lu.

 

Je ne voudrais pas faire mon petit  « Rouvriste », ( pour les non initiés du verbe = to Open again) mais…Suis-je le seul à trouver ça curieux ?

 

Plus que curieux, bizarre.


* * * * *
Un événement aussi étranger que singulier mit le Roi fort en peine, et toute la cour et la ville en rumeur.

 


En ce début de mars 1707 tout le monde se rappelle la cuisante défaite infligée au printemps précédent  à Ramillies par Malborough aux armées de  Villeroy

 


L’intelligence et la vivacité du premier firent ressortir une fois de plus les insuffisances du second.

 

Le malheur veut que les qualités humaines de Louis XIV , sa fidélité en amitié, lui aient fait conserver sa faveur à un homme qui n’était pas à la mesure des épreuves que le rang, où le Roi l’avait hissé, lui imposait .

 

Ce triste général laissera au Nord le même pitoyable souvenir qu’il avait laissé en Italie.

 

À Versailles  Villeroy c’est pour tout le monde l’homme de Crémone 1702 , l’homme qui s’est fait capturer par un commando au milieu de son armée, dans une ville qu’il tenait.

 

Un chanoine avide de promotion et  inclinant du côté de ceux qui pouvaient satisfaire ses saintes aspirations avait révélé l’existence d’un égout romain passant sous la ville.

 

Le chef d’un commando speleo-militaire: un certain Pierre de Guethem natif de Tourcoing, avait été converti à la cause espagnole par les multiples facéties «  étripatoires» de la soldatesque française dans les guerres incessantes motivées par la conquête de ce qui deviendra la Belgique.

 

Pierre de Guethem  se plaça comme valet, un peu musicien, chez le Prince de Bavière.

 

Ce dernier entrant en guerre aux côtés de l’Empereur notre serviteur se fait soldat et y trouve son bonheur.

 

Simple recrue il révèle très vite des compétences en coups de main, coup tordus , coups de force, un technicien supérieur dans sa spécialité.

 

Il se distingue en 1683  au siège de Vienne contre les Turcs, dans divers combats en Hongrie, à Neufchâtel,  Bade, Belgrade.

 

Arrivé au pied de la muraille de Crémone en 1702 avec le grade de major il y gagnera le grade de colonel et l’anoblissement pour son fait d’arme exceptionnel.

 

 

Les Français peuvent suivre l’évolution de sa carrière en faisant la liste des mauvais coups qui leur sont portés.

 

Guethem est d’abord l’homme de l’Empire, puis du Prince Eugène ennemi farouche et très personnel de Louis XIV, nous le trouvons ensuite aux côtés de Malborough

 

Comme le meilleur général est souvent celui qui prend les meilleures décisions et comme ces décisions dépendent des renseignements, Malborough conserve à ses côtés un homme si précieux.

 

S’il parie sur la balourdise de Villeroy avec le succès que l’on sait à Ramillies, c’est sûr, Gethem n’est pas loin.

 

Cet homme ne connaît pas l’échec.

 

Il est assez indispensable pour obtenir que sa ville natale soit épargnée par les armées quelles qu’elles soient.

 

Les Tourquennois lui en seront et lui en  sont encore reconnaissants.

 

L’hiver 1706 / 1707 voit Guethem et son « groupe » en garnison à Ath reprise aux Français depuis l’été.

 

Lancée comme une bravade ou comme un projet sérieux l’idée d’enlever le Dauphin reçoit l’approbation de ses supérieurs.

 

Sans aucun doute la distribution des passeports et mots de passe n’a pu se faire sans la permission de Malborough, car, d’où viendrait la supposition que l’entreprise, conduite par des militaires francophones des pays bas espagnols,  était anglaise ?   

 

Ses innombrables succès attirent tous les regards sur lui.

 

C’est un homme à surveiller, à suivre, voire à prendre comme modèle.

 

Il en a assez fait pour qu’on se méfie de lui.

 

Ça tombe bien car, si la France ne compte pas dans ses rangs les meilleurs  généraux, elle dispose depuis trois quart de siècle des meilleurs services de renseignement du monde.

 

Comme le Royaume Uni, Venise, Rome, Madrid etc….

 

Versailles emploie toute une accumulation hétéroclite de colporteurs, grands et petits marchands, publicistes, musiciens, valets, moines en vadrouille, à l’occasion ou en permanence.

 

S’ils tombent, personne ne les connaît. Plus centralement, plus officiellement, mais encore plus secrètement, tout le courrier qui circule en France est surveillé et susceptible d’être ouvert et rapporté au Conseil des Dépêches futur Conseil du Dedans.

 

Ces opérations se combinent avec la surveillance des Ponts des Ports et des Routes.

 

Ce « cabinet noir » se distingue de ses concurrents par les prouesses d’une dynastie de prodiges du cryptage et du cassage de codes : les Rossignol.

 

Ils porteront cet art à un niveau inégalé par leurs rivaux

 

À l’extinction de la dynastie des Rossignols le secret restera insurpassé et se perdra  pendant presque deux siècles.

 

Le quotidien du travail de cet office est fait des messages reçus et transmis aux intendants de province, chefs d’armée et gouverneurs de place.

 

 

Aussi Saint Simon ne s’avance-t-il pas quand il nous apprend qu’une trentaine d’hommes a traversé la frontière et n’est pas revenue par  « des informations venues d’Artois »

 

Nous sommes en plein conflit de la guerre de succession d’Espagne, qui dit Artois, dit Malborough, Ramillies, Guethem 

 

En disant peu il dit beaucoup.

 

Depuis la soirée où le projet avait été lancé, à Paris  on attendait la bande : « le parti »

 

 

Contrairement à ce que prétend faussement Voltaire, le roi ne fut nullement en colère d’apprendre l’enlèvement de Beringhen.

 

Son calme conservé ne peut traduire/trahir qu’un immense soulagement. Louis Moreiri dans son grand dictionnaire de 1732  (page(121) évoque des « ordres si précis et si prompts »

 

Penchons-nous sur  Le Marquis de Beringhen.

 

Les Beringhen originaire de Gueldre sont passés au début du XVIIème siècle au service de la France et de la personne d’Henri IV.

 

Un Beringhen est connu pour avoir servi d’agent de liaison entre le roi et ses nombreuses maîtresses.

 

Il passa ensuite au service de Louis XIII et joua un rôle favorable à Richelieu lors de la journée des Dupes.

 

L’histoire officielle prétend que Richelieu lui retira sa faveur quand ce serviteur d’un genre particulier suivit la Reine mère dans ses tribulations politiques.

 

Prétendre qu’il y a là le meilleur moyen de se tenir au courant de tous les complots qui se tramaient dans l’entourage de La Médicis serait sans doute faire preuve de complotisme aigu.

 

Voir  dans le passage au service du roi de Suède  Gustave-Adolphe, ensuite, une confirmation de sa qualité d’agent de renseignement confirme votre diagnostic c’est du complotisme aggravé.

 

Richelieu mort la justification des errances de Beringhen loin de la France (sa couverture) disparaissait avec le Cardinal.

 

Louis XIII pour les quelques jours qu’il lui restait à vivre le rappela auprès de lui.

 

C’est là, près du trône  que  nous trouvons ses descendants et c’est ainsi qu’un Henri de Beringhen devient Premier Ecuyer avant son fils  Jacques Louis.

 

C’est ainsi que le garde du corps du patron rentre chez lui à Paris en empruntant la Rolls du fiston.

 

Euhhh Pardon.

 

Il faut bien se risquer à apporter certaines réponses à certaines questions qui semblent, on peut m’en faire le reproche, n’avoir été posées par personne depuis 300 ans.

  • Peut-on impunément emprunter le carrosse du Dauphin de France en pleine guerre

Voltaire et toute son ironie mordante gobe sans broncher ce bobard, Le Mercure aussi, et comme la première édition des Mémoires n’aura lieu qu’en 1788 l’heure et la mode de l’époque n’était pas à l’ouverture d’un blog réclamant un Nenquête  Nindépendante.

 

Quand plus d’un siècle après les faits les historiens se sont penchés sur cette révélation la double qualité de l’œuvre et de son auteur les a conduits  à l’accepter sans sourciller.

 

 

Monsieur le Premier rentre à chez lui Paris.

 

A-t-il besoin de ce grand apparat ?

 

Une voiture plus légère n’aurait-elle pas été plus pratique et rapide ?

 

D’autres que lui, et des bien plus grands, ne s’embarrasse pas de tant d’apparat.

 

Évidemment il aurait pu emprunter la Carabbas du soir

 

Les « Carabbas » sont de lourdes voitures non suspendues, tirées par 6 à 8 chevaux, pouvant transporter 20 personnes à une vitesse de 3 Km à heure et desservant les alentours

 

Certains font la navette  de Paris à Versailles où l’on va voir le Roi, le château étant ouvert au  public, mais le trajet de 10 heures…

 

Il n’est  pas inutile de connaître une petite révolution des transport: une modification fondamentale dans la conception des carrosses et le confort qui s’ensuivait.

 

La métallurgie encore rudimentaire  interdisait l’usage de ressorts métalliques.

 

La caisse était suspendue à de fortes lanières de cuir, elles mêmes accrochées à un bâtis directement posé sur l’essieu.

 

La production au XVIIIè siècle de métal en grande quantité et de meilleure qualité proposera des ressorts en C auxquels on accrochera les lanières en cuir.

 

Le temps n’est pas venu des ressorts en C dits « à la Polignac »

 

Le confort s’en trouva  notablement amélioré.ainsi que la vitesse.

 

Hélas pour Monsieur le Marquis et touts les augustes fessiers du tournant XVIIè/ XVIIIè siècle , ils n’ont que les inconfortables carrioles des illustrations ci-dessus.

  • A-t-il besoin de se rendre si loin à cette heure tardive du mois de Mars,  à  Paris, rue Saint Nicaise ? Est-ce bien judicieux quand le service du roi peut à tout instant du jour ou de la nuit réclamer sa présence ?
  • Pourquoi Paris (?) quand on a sa résidence principale tout à côté de Versailles à Louveciennes !

 

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D
Pourquoi ne pas avoir cité mon travail ?<br /> Pas grave mais.... curieux procédé<br /> D. Furtif
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