Février 1642: Louis XIII part pour le Roussillon

En février 1642, Louis XIII quitte Paris pour le front du Roussillon

Il laisse "la reine et ses deux enfants à Saint-Germain-en-Laye, après avoir donné tous les ordres et pris toutes les précautions possibles pour leur sûreté"

(Duchesse de Montpensier - Mémoires. Ed. Bouyer T1.p.45)

Lagouvernante et montigny ont reçu chacun, avant son départ empêcher son frère Monsieur, qui restait à Paris, de rendre visite à la reine et aux jeunes princes, mais il recommandait à Madame de Lansac "de dire aux officiers de la compagnie de demeurer auprès de monseigneur le dauphin et de ne pas laisser entrer Monsieur s'il venait accompagné de plus de trois personnes"

Les consignes remises à montingy sont beaucoup plus sévères:

"Le Roi lui donna une moitié d'écu d'or, dont il garda l'autre, avec commandement exprès de ne point abandonner la personne des deux princes qu'il gardait, et s'il arrivait qu'il reçût ordre de les transferer ou de les mettre en les mains de quelque autre, ill lui défendit d'y obéir quand même il le verrait écrit de sa propre main de Sa Majesté, si ce n'était que celui qui le lui rendrait, lui présentât en même temps l'autre moitié de l'écu d'or qu'il retenait"

D'où viennent les craintes du Roi et sa méfiance à l'égard du duc d'Orléans ?

A-t-il eu vent qu'un mauvais coup pouvait être porté à sa famille ?

Le complot de Cinq-Mars à l'encontre de Richelieu n'en était qu'à ses prémices, au stade des négociations entre le grand écuyer, le duc de Bouillon et Gaston d'Orléans

Le traité qui va les unir, et qui implique l'intervention de Philippe IV d'Espagne, sera signé le mois suivant

Il sait seulement que la reine et Monsieur entretiennent des relations étroites

On  largement épilogué sur la participation d'Anne d'Autriche au complot

Qu'elle en ait été informée est vraisemblable

Qu'elle y ait joué un rôle actif n'est pas démontré

Pourtant, le traité avec l'Espagne précise:

"qu'on ne prend en ceci aucune chose contre le Roi Très Chrétien et au préjudice de ses Etats, ni contre les driots et l'autorité de la reine Très Chrétienne régnante"

De plus, la Grande Mademoiselle note dans ses Mémoires que la reine avait avec son père (Gaston):

"Pour lors beaucoup d'affaires dont l'issue a été si funeste qu'on peut bien les appeler malheureuses"

Ce climat malsain est entretenu par Richelieu qui craint une montée en puissance du favori

Selon Mazarin, depuis l'automne 1641, "le cardinal met tout en oeuvre pour perdre monsieur le grand"

Son animosité et sa prévention ne sont pas injustifiées

Sur la route qui le mène en Roussillon, Louis XIII s'épanche auprès de Cinq-Mars: il lui offre le gouvernement de Touraine, mais ce dernier refuse pour rester auprès de son maître qui va jusqu'à lui parler "de l'esclavage où son ministre l'avait réduit"

Il n'en faut pas davantage pour que les comploteurs perçoivent au travers de ces mots une sorte d'assentiment du Roi à la chute du cardinal, sans pour cela aller jusqu'à son assassinat 

Bien entendu, Anne d'Autriche sut ce que son époux avait ordonné à la gouvernante et s'empressa de prévenir Monsieur "qui n'alla à Saint-Germain qu'avec le nombre de gens qu'il fallait pour y être reçu"

Une lutte secrète, sourde, opaque se met en place autour des petits princes

Pendant l'absence du Roi, la reine est menacée d'être séparée de ses enfants que l'on veut placer à Vincennes

Ces tracasseries, dues au cardinal, n'aboutissent pas mais révèlent des intentions peu claires

Il parvient à convaincre Louis XIII, qui demande à diverses reprises à sa femme de s'installer à Fontainebleau, ce qu'elle fait sans précipitation, tout en rechignant 

Richelieu qui rejoint le Roi aux armées, apprend à Arles, dans une forme abrégée, les clauses du traité avec l'Espagne, ces "découvertes merveilleuses" dont il informe aussitôt le Roi à Narbonne

C'est une véritable aubaine pour le cardinal, un chagrin immense pour le Roi

Richelieu veut forcer l’Espagne en la menaçant directement.

Au printemps, lui-même et Louis XIII bien que tous deux malades partent avec une armée pour conquérir le Roussillon.