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Louis XIV au jour le jour

3l mars 1716

30 Mars 2015 , Rédigé par Louis XIV au jour le jour Publié dans #Calendrier


Il n'y avait rien de surprenant à ce que M. le Dauphin ( Le duc de Bourgogne), aimât Mme la Dauphine; elle avait beaucoup d'esprit et était fort agréable quand elle en avait envie; son mari était dévot, d'humeur un peu mélancolique; elle était toujours gaie; cela l'animait et dissipait sa mélancolie, et comme il avait beaucoup de penchant pour les dames (comme tous les bossus) et qu'il était si pieux qu'il croyait commettre un grand péché en regardant une femme autre que la sienne, il est tout simple qu'il était fort épris d'elle. Je l'ai vu une fois loucher pour se rendre laid, parce qu'une dame lui avait dit qu'il avait de beaux yeux, mais ce n'était pas nécessaire, car le bon sire était déjà bien assez laid sans qu'il eût besoin de se rendre tel. Il avait une vilaine bouche, un teint maladif, il était fort petit, bossu et contrefait... Sa femme vivait bien avec lui, mais elle n'en était pas éprise, et elle le voyait tel que le voyaient les autres; le bon sire avait une taille affreuse et le visage n'était pas des plus beaux; je crois cependant qu'elle était touchée de la passion qu'il avait pour elle; il est certain qu'on ne saurait avoir un attachement plus vif que celui que le Dauphin avait pour sa femme... Il avait beaucoup de bonnes qualités, était fort charitable; il a assisté beaucoup d'officiers, sans que personne le sût. Lorsqu'il était né, la joie avait été universelle '.

 

 

 

3l mars 1716


Trois ou quatre ans avant la mort de Monsieur, je me suis, pour lui plaire, réconcilié avec le chevalier de Lorraine; depuis il ne m'a plus fait de mal. Ce chevalier est mort si pauvre qu'il a fallu que ses amis payassent les frais de son enterrement. Il avait cependant cent mille écus de rentes, mais il était mauvais administrateur; ses gens l'ont toujours volé. Pourvu qu'ils lui donnassent mille pistoles quand il en avait besoin pour jouer et pour ses débauches, il les laissait dissiper et piller son bien à leur fantaisie. LaGrançay lui a soutiré beaucoup d'argent. Il a fait une bien vilaine fin. Il était avec Mme de Mare, sœur de Mme de Grançay; il lui racontait qu'il avait passé toute la nuit en débauches et lui disait les plus grandes horreurs du monde; il fut alors frappé d'apoplexie, perdit aussitôt la parole et ne recouvra pas sa connaissance.


1 Une appréciation judicieuse des qualités et des défauts de ce prince se trouve dans l'ouvrage de M. Léopold Monty : M. le duc de Bourgogne, in-8, 120 pages. Les flatteurs n'avaient pas même eu la patience d'attendre qu'il fût né pour en faire un prodige; voir la Querelle des dieux sur la grossesse de Mme la Dauphine, Paris, 1682, in -12. « Le duc de Bourgogne était grave, vertueux jusqu'à l'austérité, mais noble, délicat et tendre. Mme de Maintenon appelle son amour pour sa femme effrayant. Il croyait à de légères imprudences de sa part, plutôt qu'à des torts dont rien ne donne la preuve et dont on aime à la supposer exempte. » ( Notice sur la duchesse de Bourgogne dans les Mélanges publiés par la Société des bibliophiles, 1850.)

 bonnes qualités, était fort charitable; il a assisté beaucoup d'officiers, sans que personne le sût. Lorsqu'il était né, la joie avait été universelle '.
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