27 janvier 1679
Extraordinaire témoignage parvenu jusqu'à nous, le tableau de Van der Meulen peint vers 1680-1681, fige pour l'éternité l'image d'un chantier du Grand- Siècle
Les murs de la Grande Ecurie, flanqués de poutres et d'échafaudages, sont pratiquement terminés
La construction en cours occupe l'emplacement des hôtels de Guitry et de noailles, bâtis une quizaine d'années auparavant et récemment rachetés par la surintendance des Bâtiments pour être détruits
Des grues hissent les pierres au sommet de l'édifice
Deux bardeurs debout sur la corniche s'apprêtent à poser la dernière pierre qui lui manque encore
A ses pieds, quelques porteurs déchargent à dos d'homme des sacs de mortier et de chaux
Qautre manoeuvres s'efforcent de déplacer à la main un énorme bloc de pierre
Non loin d'eux des goujats s'aident d'une barre à mines pour réussir pareille opération
Deux tailleurs de pierre portant un tablier en cuir taillent avec leur pic deux blocs au pied du bâtiment en construction
Un appareilleur de pierre, penché sur un autre bloc, vient d'en prendre les mesures avec son compas et discute avec un tailleur de pierre du sujet et des proportions du motif qu'il va y dessiner à la craie avant de le lui laisser tailler
Des scieurs de long s'attaquent résolument à la découpe d'un autre bloc
Près de 500 ouvriers s'affairent sur le chantier
Presque tous portent un chapeau qui dissimule mal leur longue chevelure
Quelques éteigneurs préparent dans un bassin la chaux que l'on remue avec des piques en bois
Des sacs sont empilés à proximité; un porteur dépose le sien au sommet de la pile grâce au chariot qu'il porte sur son dos
L'eau nécessaire est stockée dans un grand tonneau qu'un porteur alimente avec le sien, plus petit
D'énormes blocs de pierre abandonnés encombrent le chantier de façon désordonnée
Des charrettes tirées par des chevaux ou à la main par des manoeuvres voiturent d'autres blocs
Aucun homme n'est au repos; seuls quelques attelages soufflent
Plus au fond, l'autre chantier; celui des ailes des ministres, avance plus lentement
La date de l'installation définitive du Roi au château n'étant pas encore fixée, son urgence est moindre
Son avant-cour est davantage remplie de matériaux que d'ouvriers
De grandes grues encadrent les ailes
Leur charpente n'est pas encore posée
Au second plan, un carrosse tiré par six chevaux blancs remonte l'allée venant de Paris, l'allée de Saint- Cloud
Les gardes qui précèdent le carrosse royal ont presque tous déjà pénétré dans l'avant- cour
Discret mais omniprésent, le Roi traverse son chantier
Garant de son bon déroulement, Colbert, surintendant des Bâtiments, tient une réunion au cours de laquelle, en présence du comte d'Armagnac, M; le Grand, grand Ecuyer du Roi, il vérifie l'avancement de la construction dont il a approuvé les plans le 27 janvier 1679
Un architecte ordinaire du Roi, probablement Jules Hardouin- Mansart, tient le plan d'une main et le commente à M; Le GRand
Outre Colbert qui a conservé son chapeau, le petit groupe compact d'une dizaine de personnes comprend sans doute Bréau, architecte- contrôleur des Bâtiments, Lefebvre, contrôleur général des Bâtiments et contrôleur au château de Versailles depuis 1672, ainsi que les principaux entrepreneurs, louis Vigneux, Pierre Martin et Jean Le Coeur, maîtres maçons titulaires du marché de maçonnerie