22 juillet 1702
Versailles, 22 juillet 1702
Si Charles Maurice n'avait pas si fort aimé le vin, il eût été un parfait philosophe; mais il a payé bien cher son défaut, car je suis sûre que l'ivrognerie a abrégé sa vie : il ne pouvait rester sans boire, et il s'était brûlé tout le corps.
1 II s'agit de la catastrophe arrivée à Sophie-Dorothée, femme de George, électeur de Hanovre, qui devint roi d'Angleterre. Le comte de Kœnigsmarck, soupçonné d'être son amant, fut mis à mort, et l'électrice enfermée pour le reste de sa vie dans une citadelle. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette sombre et mystérieuse affaire. Quant à la duchesse de Brunswick, c'était une Française, Ëléonorc d'Ezmier. Le duc se passionna pour elle, l'épousa, et Madame ne put jamais pardonner cette mésalliance.
1 Le prince Lcopold d'Anhalt Dessau, un des plus habiles généraux de l'Allemagne, épousa Anne-Louise Foehse, fille d'un apothicaire, mais aussi vertueuse que belle. L'empereur sanctionna cette union, qui fut heureuse.
Si la cour de France était comme autrefois, on pourrait y apprendre l'art de se conduire dans la vie; mais, excepté le roi et Monsieur, personne ne sait plus ce que c'est que la politesse : les jeunes gens ne songent qu'à d'horribles débauches; je no conseillerais à personne d'envoyer ici ses enfants, car, au lieu d'apprendre quelque chose de bien, ils ne recevraient que des leçons d'inconduitc; vous avez donc bien raison de blâmer les Allemands qui envoient leurs enfants en France; je voudrais que nous fussions l'une et l'autre des hommes afin d'aller à la guerre, mais c'est un souhait complètement inutile.