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Louis XIV au jour le jour

20 juin 1676: L'installation à Versailles

19 Juin 2017 , Rédigé par Louis XIV au jour le jour Publié dans #Calendrier, #VERSAILLES

L'installation à Versailles

 

Voilà désormais quatre ans que Bontemps a perdu son épouse'

 

Elle lui a donné tant de bonheur et surtout quatre magnifiques enfants

 

Ce 20 juin 1676, il a naturellement accepté leur garde-noble avant que le Châtelet officialise par une sentence rendue le 2 juillet suivant sa nomination comme seul tuteur

 

Après avoir acheté en 1676 conjointement avec son beau-frère Claude Bosc, moyennant 3 000 livres, une concession à perpétuité dans l'église Saint-Louis-en-l'Ile, Bontemps se rappelle toute la gratitude qu'il doit à sa défunte épouse

 

Il a souhaité tout naturellement l'honorer publiquement

 

Il s'est donc rendu chez son notaire le 8 mai 1677 à qui il " a dit qu'une des choses auxquelles il a cru être le plus obligé était celle d'honorer défunte dame Claude Marguerite Bosc son épouse qui lui a été pendant son vivant la plus recommandable, et que se voyant à présent privé de cette satisfaction, il ne peut se souvenir de son amitié qu'en  même temps, il ne pense non seulement à la reconnaissance qu'il en doit avoir pendant sa vie, mais aussi d'en laisser des preuves certaines après lui"

 

Il a alors décidé de procéder à une fondation à perpétuité

 

Il s'est ainsi assuré qu'une messe basse de requiem soit dite chaque dixième du moi à l'intention et pour le repos de l'âme de sa défunte épouse

 

Depuis la mort de Claude Marguerite, le clan s'est resseré et Alexandre est très entouré par sa belle famille qui vit toute sur l'île Notre Dame

 

PAr un contrat passé en juin 1676 moyennant la somme de 39 350 livres, son beau-père Cluade Bosc a d'ailleurs définitivement acquit du petit cousin de sa femme, le marquis de Ménars, les deux tiers restants des deux hôtels qu'il occupe avec son fils (le procureur général de la cour des Aides depuis 1672), mais aussi avec Alexandre

 

Ce dernier est certes indépendant et l'ensemble des deux hôtels, cours et jardins, couvre quelque 495 toises superficielles de terrain (soit environ 1876 mètres carrés), mais il croise régulièrement sa parentèle

 

En mai 1678, elle est durement touché par le sort

 

Claude Bosc, beau-père de Bontemps, et son commis Etienne de La Roche, qui n'est autre que l'époux de sa fille naturelle Jeanne Bosc, meurent tous les deux à peu de temps d'intervalle...

 

 

Alexandre profite du fait que le jeune Louis Blouin, qui vient d'avoir 18 ans, soit entré véritablement en serviceauprès du roi pour demeurer un peu plus à Paris

 

Depuis 1665 et la mort de son collègue Jérôme Blouin, il effectuait en effet deux services de premier valet de chambre: le sien, entre octobre et décembre (Jusqu'en 1679, Bontemps fut de quartier en octobre. A partir de 1680 et jusqu'à sa mort en janvier 1701, il occupa le quartier de janvier laissé vacant par le départ de Chamarande), et celui du jeune filleul du roi, entre avril et juillet

 

Alexandre jouit de cette nouvelle liberté (mais qui ne peut durer trop longtemps, louis XIV ayant sans cesse besoin de lui) et, comprenant ce qu'elle endure, trouve les bons mots pour consoler Mme de La Roche de cette douloureuse perte

 

 

Les mots sont si bien choisis et les deux se comprennent tant qu'ils se rapprochent dans leur malheur...


Bontemps essaie de se rappeler les voeux qu'il a formulés lors de la fondation qu'il a dédiée à sa défunte épouse, mais il semblerait qu'il soit irrésistiblement attiré par sa belle-soeur

 

Il a beau nier ses sentiments, il est bien trop tard

 

Au moins n'est-il pas en désaccord avec Dieu: ils sont tous les deux veufs;

 

pour chasser ces idées, Alexandre décide de rejoindre rapidement Versailles où son devoir d'intendant l'attend

 

Les travaux battent leur plein et Jules Hardouin-Mansart, le nouvel homme fort des travaux, a inauguré des chantiers à perte de vue

 

Après quelques jours d'absence, Bontemps a chaque fois bien du mal à reconnaître la charmante résidence de plaisance du début des années 1660

 

L'architecte, qui ne porte par le titre de "premier", mais qui en a toutes les prérogatives, transforme complètement le château selon la volonté royale

 

La jonction des pavillons des ministres pour constituer des ailes n'est pas le seul chantier

 

Le petit-neveu de François Mansart a présenté au roi un plan pour une nouvelle aile qui doit courir le long des jardins, sur l'axe nord-sud, à l'extrémité de l'appartement de la reine dans le corps central du château

 

Ce nouveau corps de bâtiment doit permettre de loger non seulement les nouveaux commensaux importants que le roi souhaite avoir à sa cour, mais aussi et surtout les membres de la famille royale qui ne trouvent plus place dans le corps central

 

Le projet ambitieux prévoit plusieurs appartements majestueux au rez-de-chaussée et au premier étage donnant sur les jardins

 

Le projet, après quelques remarques du roi, est approuvé

 

pour les détails intérieurs, M. Mansart devra tenir compte également des recommandations de Bontemps qui, comme intendant, se soucie beaucoup du confort des futurs habitants

 

Dans ses échanges avec Colbert, louis XIV demande souvent que l'on tienne compte des avis justifiés de son intendant

 

MAlgré ses travaux incessants, la vie continue à la cour selon ses habitudes, ou peu s'en faut

 

Depuis quelques temps déjà, en secret, Mme de Montespan enrage

 

La "sultane-reine" n'est plus aussi bien avec le roi qu'elle ne la été

 

Elle vient même de subir un terrible affront

 

Au même titre que les empoisonneuses des bas-fonds parisiens, ces Filastre et autre La Voisin, elle vient 'être accusée par les personnes arrêtées d'avoir voulu faire empoisonner Mlle de La Vallièrequelque dix ans auparavant, mais surtout d'avoir voulu tuer le roi lui-même!

 

Après des dénonciations qu'elle qualifie de calomnieuses, Bontemps ne sait plus trop que penser

 

Il est vrai que Mme de Montespan est une adepte des parfums et des onguents et qu'il a souvent entendu son maître s'en plaindre, disant que cela lui donnait des maux de tête incroyables

 

Pourtant, il y a quelques années encore, il n'était pas rare que le roi se rende chez son nouveau collègue La Vienne

 

celui-ci tenait un établissement de bains fort réputé à Paris, dans la rue Neuve-Montmartre, où tous les grands seigneurs se donnaient rendez-vous

 

"Ce La Vienne, qui avait fait plus d'un métier, était devenu baigneur, et si à la mode, que le Roi, du temps de ses amours, s'allait baigner et parfumer chez lui, car jamais homme n'aima tant les odeurs, et ne les craignit tant après, à force d'en avoir abusé

 

on prétendait que le Roi, qui n'avait pas de quoi fournir à tout ce qu'il désirait, avait trouvé chez La Vienne des confortatifs qui l'avaient rendu plus content de lui-même, et que cela, joint à la protection de Mme de Montespan, le fit enfin premier valet de chambre" (Duc de St Simon T.1 p.446)

 

 

LA nomination de François Quentin dit La Vienne, vient en effet juste d'avoir lieu le 20 décembre 1679

 

Bontemps frissonne à l'écoute de tout ce qui vient d'être mis à jour et de ce que l'on appelle désormais: "l'affaire des poisons": les plus grandes dames du royaume, Mme de montespan en tête, ou encore d'anciennes maîtresses du roi telles la comtesse de Soissons ou sa soeur la duchesse de Bouillon, sont compromises

 

Le monarque a créé une chambre spéciale pour instruire dans le plus grand secret

 

il lui a donné pour nom la "chambre ardente" que dirige d'une main de fer louvois et le lieutenant général de police La Reynie

 

Les langues se délient et les accusés n'hésitent pas à livrer des noms de la cour

 

Bontemps lui-même est concerné

 

Louis XIV lui a fait passer le procès-verbal de cet abominable personnage qu'est Lesage, amant de La Voisin et sorcier, qui aurait célébré des cérémonies sacrilèges en 1667-1668 pour le compte de Mmes de montespan et de polignac

 

A la date du 27 mars 1679, lors de son interrogatoire à Vincennes, voilà ce qu'Alexandre peut lire:

 

"S'il n'a point donné de rendez-vous à la Philibert chez la Desmaretz? La Philibert la connaissait depuis longtemps, et c'est une connaissance du temps de M. Bontemps, à qui la Desmaretz fournit du fruit pour Versailles, et il n'a pas vu beaucoup de fois la Philibert chez elle"

 

Ainsi les fournisseurs de la cour servaient-ils de relais et permettaient-ils l'approvisionnement en "poudre de succession" ...

 

Bontemps le sait, le roi exècre plus que tout les ennemis de la Vraie foi

 

Le souverain ne peut donc laisser ces crimes impunis

 

plusieurs sorcières et leurs complices sont torturés, voire exécutés par le feu ou par pendaison place de Grève, pour l'exemple

 

Rien n'y fait

 

Se dire qu'une messe ou plusieurs messes noires auraient été célébrées au-desus du ventre de sa maîtresse et dans lesquelles des bébés auraient été sacrifiés l'épouvante terriblement

 

S'il sait son mâitre peu averti de tous les préceptes de la vie catholique, Bontemps le sait en revanche terrorisé par le diable...

 

Le roi n'arrive pas à se départir de l'idée que sa maîtresse est liée de près ou de loin à ces pratiques, et ce n'est pas Colbert, qui vole au secours ede Mme de montespan dont un neveu est marié à l'une des filles du ministre, qui arrive à calmer la rage du monarque déjà bien échaudé

 

Tout cela vient s'ajouter au tempérament vif et altier de mme de montespan qui agace de plus en plus Louis XIV

 

La favorite fait tout pour se maintenir et compte bien sur les nombreux enfants que lui a donnés son royal amant pour y parvenir

 

bontemps continue de faire l'intermédiaire entre la belle madame et son maître; la marquise n'a pas à se plaindre des largesses du père de ses enfants

 

Ainsi, le 6 avril 1677, Colbert écrivait-il au roi:

 

"Je fais mettre entre les mains de M. Bontemps 3 000 pistoles d'une aprt et 37 500 livres d'autre, pour madame de montespan, ainsy que Vostre Majesté me l'ordonna avant son départ", lettre à laquelle Louis XIV répondait dès le 8 avril:

 

" J'approuve que vous ayez fait remettre les deux sommes à Bontemps, pour les donner à madame de montespan"

 

Les 37 5000 livres correspondent à un seul quartier de pension que verse Louis XIV à Mme de Montespan pour l'éducation de leurs enfants, soit 150 000 livres par an

 

Quant aux 3 000 pistoles (soit tout de même 36 000 livres), c'était un complément pour sa maîtresse!

 

Toutes ses sommes importantes, Bontemps le sait, ne marquent absolument pas l'amour que le roi porte à Mme de montespan

 

il ne semble le faire que par habitude afin de ne pas avoir à subir les attaques verbales de sa maîtresse qu'il ne sait plus comment calmer

 

il l'a même nommée surintendante de la reine, avec les honneurs de duchesse qu'elle ne peut totalement recevoir, son mari refusant d'être élevé au rand de duc au prétexte des "oeuvres" de son épouse!

 

celle que les poètes louaient pour sa grande beauté a bien changé suite à huit grossesses

 

Quiconque ne l'aurait pas vue depuis des années serait bien incapable de la reconnaître

 

on n'hésite plus à la moquer, elle qui effrayait tout le monde par ses mots redoutables

 

Son embonpoint est tel que même Primi Visconti, ce jeune Italien venu s'établir à la cour quelques années auparavant, en parlant d'une des jambes de mme de montespan, affirme qu'elle est aussi grosse que lui!

 

Jean-Baptiste Primi Visconti Fassola de Rasa

comte de Saint-Mayol (comte de Mayolle)

dit « Primi Visconti »

 

Mémorialiste italien

écrivain italien du XVIIe siècle

chroniqueur et historien de la vie à la cour du roi de France.

 

Né le 22 septembre 1648 à Varallo Sesia, (Valsesia) au Piémont

Baptisé le 25 septembre 1648

 

Mort le 4 décembre 1713 à Paris à l'âge de 65 ans, en sa maison de la rue des Noyers (paroisse Saint-Benoît), Primi Visconti fut inhumé le lendemain en l'église d'Évry (Essonne), village où il possédait une maison de campagne.

 

Giovanni Battista Feliciano Fassola di Rassa Comte di san Maiolo, fils de Giacomo Fassola di Rassa et de Maria Marta,

 

Gentilhomme piémontais, Primi Visconti arriva à Versailles en 1673.

 

Il en devint l'un des chroniqueurs pendant près de dix ans et consigna ses observations dans un ouvrage intitulé Mémoires sur la cour de Louis XIV, 1673-1681.

 

Ce livre fut traduit et publié en français pour la première fois en 1908 par Jean Lemoine.

 

Témoin de la vie à la cour de Louis XIV, il côtoya Turenne, Colbert et Louvois, suivit la guerre de Hollande et l'Affaire des poisons, séjourna quelque temps à la Bastille à cause de l'un de ses écrits, puis retourna dans le Piémont, où il devint régent général de la vallée de la Sesia.

 

Il revint ensuite en France, où il passa ses dernières années.

 

Œuvres

  • Mémoires sur la cour de Louis XIV, 1673-1681, introduction et notes de Jean-François Solnon, Perrin, 1988

 

 

  • PRIMI VISCONTI (Jean-Baptiste Primi Félicien Visconti Fassola de rasa, comte de Saint-Mayol, dit), (1648-1713), Mémoires sur la cour de Louis XIV (traduit de l’italien par Jean Lemoine), Paris, Calmann-Lévy, s.d., Paris, Perrin, 1988.
  • La Dernière Campagne Du Roy En Flandres, jusques à la Paix. Et Le Succés De Ses Armes En Alemagne / [P. V.] Primi Visconti, Giovanni Battista Paris, Ribou, Audinet, 1679
  • Une journée de Louis XIV vers 1673, vue par Primi Visconti, mémorialiste italien
    Primi Visconti, Jean-Baptiste (Varallo 1648-Paris 1713). Ce gentilhomme piémontais arrive en janvier 1673 à Paris où il reste dix ans. Ses Mémoires, rédigés entre 1673 et 1681, date à laquelle il regagne son pays natal, sont le reflet de la cour de Saint-Germain.
  • Une très belle carte « géopolitique » de l’« État de Milan », établie en 1692 par le comte de Saint-Mayole, rassemble toutes les connaissances d’ordre historique, économique, géographique et militaire concernant cet État. L’auteur, originaire de Lombardie et plus connu sous le nom de Primi Visconti, avait notamment occupé les fonctions de « régent général des vallées de Sesia », vallées rattachées au Milanais. Qualifié par les contemporains d’agent secret, sa connaissance du pays le conduisit à rédiger pour le roi de nombreux rapports sur les affaires italiennes, utiles pour la diplomatie.
  • Le château de Neubourg (1674) à Evry (91).
    Détruit en 1775, sur la place qui s’appelait autrefois « Rond Point du Château » et aujourd’hui Place du Général de Gaulle, son domaine s’étendait de la route N7 jusqu’à la Seine. L’entrée principale du château était la petite place en demi-lune du Saut du Loup. En 1688, il fut racheté par un seigneur italien, Jean Baptiste Primi Visconti De Rosta, et son épouse. Après leur décès en 1713, le marquis de Raies, seigneur du Petit-Bourg, fit raser le château.

 

 

 

 

 

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