20 janvier 1687: Marly

Lundi 20, à Marly (1).

Le roi monta en carrosse à trois heures avec madame de Bourbon, madame la princesse de Conty, mesdames d'Uzès, de Grammont, de Thianges et de Dangeau. Madame de Maintenon avoit mené dans son carrosse mesdames la princesse d'Harcourt, de Chevreuse et de Montchevreuil. Monseigneur étoit parti, dès le matin, au sortir de la messe, et y étoit allé pour donner ordre à une blanque (2) qu'il veut qu'on y tire pendant le séjour qu'on y fera. — On joua en arrivant jusqu'à sept heures, et on recommença à huit jusqu'au souper. On arrangea la blanque; il faisoit un froid extraordinaire, et cependant tout le monde s'y trouva fort bien. — Madame la Dauphine n'est point du voyage, mais elle y viendra demain après son dîner.

(1) Sur les voyages de Marly, voy. Mémoires pour servira Vhist.de madame de Maintenon, par la Beaumelle , t. 111, p. 44 et suiv., édit. in-12; Maestricht,1778.

(?.) Blanque, loterie. L'usage de ce jeu fut introduit en France pendant les guerres d'Italie. La loterie s'appela d'abord blanque, du nom bianca (souscntendu caria ) qHe les Italiens lui donnoient, parce que les billets non gagnants étoient blancs, et, lors du tirage, désignés à haute voix par le mot bianca. Jusqu'à Louis XIV, la loterie eut assez peu de succès; mais le roi mit les loteries à la mode «lans les fêtes brillantes qu'il donnoit à Versailles et à Marly. 11 se servit de ce moyen pour gratifier de lots précieux les dames de la cour et les courtisans, ( Voy. au 5 mars suivant. )

— Le roi assista le matin à la messe, où l'on chanta le De prof'undis. C'est le bout de l'an de la mort de la reinemère, morte en 1666. Monseigneur et Madame sont allés à Paris pour être au Val-de-Grâce.