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Louis XIV au jour le jour

20 décembre 1715: Vincennes

20 Décembre 2017 , Rédigé par Louis XIV au jour le jour Publié dans #Journal du marquis de Dangeau

Vendredi 20, à Vincennes. 

 

Le roi se porte fort bien, et on le mènera de lundi en huit jours à Paris.

 

L'évêque de Saintes (1) se démet de son évèché, où il se trouvoit accablé d'affaires, parce qu'il y a beaucoup de nouveaux convertis ; il lui est venu une grande succession par la mort de M. du Buisson, intendant des finances ; ils sont cinq héritiers, qui ont eu chacun au moins 35,000 livres de rente. 

 

11 se répand des bruits, qu'on croit très-bien fondés, que M. Desmaretz s'en va pour quelque temps à Maillebois ; M. le duc d'Orléans n'est point mécontent de lui, mais il lui a pourtant conseillé de s'éloigner pour quelque temps, parce qu'il y a beaucoup de gens qui lui rendent de mauvais offices et qui veulent persuader que sa présence à Paris nuit aux affaires du roi *

 

Quelques évêques de ceux qui ne sont point dans le parti du cardinal de Noailles ont projeté d'écrire une lettre à M. le duc d'Orléans pour le supplier d'écrire au pape pour lui demander quelques explications sur la bulle Unigenitus ou son consentement pour un concile national *


* M. de Noailles vouloit avoir ses coudées franches et point du tout être éclairé*, Desmaretz le tenoit de court dans Paris.

 

Non content de s'être défait de Bercy par l'exil, il se voulut aussi défaire de son beau père et mener M. le duc d'Orléans par degrés à des rudesses qui n'étoient pas dans son génie et où le duc n'auroit pu réussir tout d'un coup.

 

Il réussit ainsi peu à peu, et l'ordre s'alloit expédier, quand Desmaretz, qui en avoit eu le vent et qui avoit utilement tenté toutes les voies, désespéra encore plus de la réponse qu'il eut du régent.

 

Outré de se voir chasser, il se prit à un fer rouge, et fit conjurer Saint-Simon de lui pardonner, puisqu'il s'étoitbien vengé, et de le protéger pour lui parer l'exil. Louville, ami intime de Saint-Simon et dont la femme étoit tille du frère de madame Desmaretz, se chargea de la commission, et y réussit.

 

Peut-être que Saint-Simon en pardonnant à Desmaretz, en obligeant Louville, ne fut pas fâché de donner un dépit à Noailles; il parla dès le lendemain à M. le duc d'Orléans; il obtint que Desmaretz ne seroit point exilé, et permission encore, pour mieux assurer la chose, que celui-ci l'en allât remercier.

 

Jamais deux hommes ne furent plus mortifies et plus aises que Noailles et Desmaretz, avec qui Saint-Simon se raccommoda.

 

(1) Henri Augustin le Pilleur.

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