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Louis XIV au jour le jour

19 février 1712: Obsèques du Dauphin et de la Dauphine

19 Février 2015 , Rédigé par Louis XIV au jour le jour Publié dans #Décès sous Louis XIV

Cérémonial encore plus complexe et émouvant à la fois que celui de la reine Marie-Thérèse

Le corps du dauphin, mort à Marly, fut amené en carrosse à Versailles et placé à côté de celui de sa femme

Obsèques du Dauphin et de la Dauphine



[ Note 3 : Saint-Simon a oublié de mentionner que, le Dauphin étant mort le 18 février au matin, dans l’après-midi ses valets de chambre enveloppèrent le corps dans un drap de son lit, le mirent sur un matelas posé sur un brancard, et le transportèrent, recouvert d’une simple couverture, jusqu’à un carrosse du Roi qui attendait dans la cour de Marly ; on plaça le matelas sur les deux banquettes et sur un tabouret mis entre elles, et on transporta ainsi incognito la dépouille mortelle dans son appartement de Versailles ; la putréfaction était déjà commencée.]

Le vendredi matin 19, le corps de Monseigneur le Dauphin fut ouvert, un peu plus de vingt-quatre heures après sa mort, en présence de toute la Faculté, de quelques menins et du duc d’Aumont, nommé comme duc par le Roi.


Son cœur fut porté tout de suite à Versailles auprès de celui de Madame la Dauphine.


Ce même jour, entre cinq et six, les deux cœurs furent portés au Val-de-Grâce à Paris.


Chamillart, évêque de Senlis, premier aumônier de Madame la Dauphine, ayant un pouvoir du cardinal de Janson, grand aumônier, était le premier carrosse à la droite au fonds, portant les deux cœurs ; Madame la Princesse au fonds à sa gauche, Mme de Vendôme sa fille, et Mlle de Conti au devant ; la duchesse du Lude à une portière, le duc du Maine à l’autre.


Le duc d’Aumont, comme premier gentilhomme de la chambre, suivait à la première place du fonds d’un carrosse de Monseigneur le Dauphin, accompagné de quelques menins.


Suivait le carrosse du corps de Madame la Dauphine rempli de ses dames du palais, dont deux étaient restées à la garde du corps.


Ce cortège arriva après minuit au Val-de-Grâce : tout y fut fini avant deux heures, revint après sans cérémonie, et demeura à Paris qui voulut.

Dès que ce convoi fut parti de Versailles, le corps de Monseigneur le Dauphin, porté de Marly sans cérémonie, fut placé à la droite de celui de Madame la Dauphine sur la même estrade, qui fut élargie.

 


Convoi des deux corps à Saint-Denis en cérémonie :



Le mardi 23 février 1712, les deux corps furent portés de Versailles à Saint-Denis sur un même chariot.


Le Roi nomma M. le duc d’Orléans pour accompagner le corps de Monsieur le Dauphin, et quatre princesses pour celui de Madame la Dauphine, qui furent Madame la Duchesse, Mme de Vendôme, et Mlles de Conti et de la Roche-sur-Yon.

A la descente des corps, le duc d’Aumont, comme premier gentilhomme de la chambre, portait la couronne de Monseigneur le Dauphin ; Dangeau, chevalier d’honneur, celle de Madame la Dauphine, Souvré, maître de la garde-robe du Roi, le collier de l’ordre du Saint-Esprit.

Dans la marche, qui commença sur les six heures du soir, des aumôniers en rochet et à cheval soutenaient les coins des poêles, deux du Roi, deux de Madame la Dauphine ; de son côté étaient à cheval le chevalier d’honneur et le premier écuyer.

Trois carrosses précédaient. Dans le second était au fonds M. le duc d’Orléans avec le duc d’Aumont, d’Antin sur le devant avec Souvé comme maître de la garde-robe, Matignon à une portière comme menin, le capitaine des gardes de M. le duc d’Orléans à l’autre ; dans le troisième et le plus proche du chariot, quatre évêques en rochet et camail, un aumônier du Roi en quartier en rochet, et le curé de Versailles en étole.

Trois carrosses derrière : les quatre princesses dans le premier, avec la duchesse du Lude, qui était un carrosse du Roi ; un de Madame la Dauphine, rempli de ses dames ; celui de Madame la duchesse après, où étaient les dames d’honneur des princesses.

Le convoi commença à entrer à Paris par la porte Saint-Honoré à deux heures après minuit, sortit par la porte Saint-Denis à quatre heures du matin, et arriva antre sept et huit heures du matin à Saint-Denis.

Il y eut un grand ordre dans Paris, et aucun embarras.


Singularité des obsèques jusqu’à Saint-Denis.


Le genre de ces étranges morts en fut, en gros, la vraie cause, et la hâte de débarrasser le Roi à Versailles, et qu’il eut lui-même de n’avoir plus à ouïr parler de choses si douloureuses, et de n’entretenir pas l’excitation des propos, fit abréger tout et diminuer tout et pour les cérémonies, et pour le nombre des personnes qui y devaient assister.
  Le cortège des deux cœurs fut mêlé, et tout aussi court et singulier : trois princesses du sang pour l’un, ce devait être une fille de France avec elles, et des duchesses avec pour l’autre, au lieu d’un fils de France, de deux princes du sang et quelques ducs, M. du Maine unique.

Au convoi des corps, M. le duc d’Orléans seul de tout le sang royal, avec un mélange de charges pour tout accompagnement dans le carrosse où il était, et deux ducs, dont l’un encore était premier gentilhomme de la chambre et en avait servi en ces cérémonies, l’autre pouvait être regardé comme menin.

Pour la Dauphine, quatre princesses du sang, sans fille ni petite-fille de France, et sans duchesses ni Lorraines ni dames de qualité, et un seul carrosse après le leur, pour les dames du palais.

Rien ne fut jamais si court ni si baroque.


P. 367 - Deuil aussi singulier que ces obsèques.


Pour comble de singularité, le Roi, qui avait voulu, à la mort de Monseigneur, que les personnes qui drapent lorsqu’il drape drapassent quoique il ne portât point ce deuil, ne voulut point que personne drapât pour Monsieur et Madame la Dauphine, excepté M. le duc et Mme la duchesse de Berry.

Comme leur maison drapait à cause d’eux, cela fit une question sur Mme de Saint-Simon, qui prétendait ne point draper, et eux désiraient qu’elle drapât, et s’appuyaient sur l’exemple des duchesses de Ventadour et de Brancas chez Madame.

On y répondait que celles-là, étant séparées de corps et de biens d’avec leurs maris, avaient leurs équipages à elles, au lieu que Mme de Saint-Simon et moi vivions et avions toujours vécus ensemble, qui est le cas que les équipages de la femme appartiennent au mari. Là-dessus, grande négociation.

Ils prenaient cette draperie à l’honneur.

M. et Mme la duchesse de Berry nous la demandèrent avec tant d’instance, par amitié, comme une chose qui les touchait sensiblement, qu’il fallut enfin avoir cette complaisance : tellement que notre maison fut mi-partie ; tout ce qui était à moi ou en commun sans deuil, et en noir tout ce qui était à Mme de Saint-Simon, ce qui était ridicule.


 

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