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Louis XIV au jour le jour

16 septembre 1824: Louis XVIII

15 Septembre 2014 , Rédigé par Louis XIV au jour le jour Publié dans #BOURBON (Descendance)

Rois et Reines de France 
Louis XVIII
le Désiré de Bourbon

 est le petit-fils de Louis XV le Bien-Aimé de Bourbon et de Marie Leszczyńska.

Il est le frère de Louis XVI et de Charles X.

(Versailles, 17 novembre 1756 - Paris, 16 septembre 1824)

Prince de France

Comte de Provence (1755)
Duc d’Anjou et Pair de France (1771)
Comte du Maine et Pair de France (1771)
Comte du Perche et Pair de France (1771)
Duc d’Alençon et Pair de France (1774)
Duc de Brunoy et Pair de France (1777)
puis Roi titulaire de France et de Navarre (1795)
puis Roi de France (1814 et 1815)


Il s'est marié avec :
(1771) Marie-Joséphine de Savoie




(Turin, 2 septembre 1753 - Hartwell House, 13 novembre 1810)

Princesse de Savoie, Princesse de Sardaigne
Comtesse consort de Provence (1771)
puis Reine titulaire consort de France et de Navarre (1795)

comte de Provence, duc d'Anjou (1771-1814)

roi de France (1814-1815, 1815-1824)

roi de Navarre (Louis VI, 1814-1815, 1815-1824)
VIIe Grand-Maître de l'Ordre du Saint-Esprit (rétabli en 1814)

Grand Maître de l'Ordre de Saint-Michel
Knight of the Garter
(Louis de Bourbon)
(Louis Stanislas Xavier de Bourbon)


Parents

Parrain et marraine


Notes

 

A droite, acte de baptême du 18 octobre 1761, chapelle du château de Versailles
A droite, acte de baptême du 18 octobre 1761, chapelle du château de Versailles

 

 


Par François-Hubert Drouais, le duc de Berry et le comte de Provence enfants
Actuellement au Museum d'Art de Säo Paolo

Né à Versailles, troisième fils du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, Louis Stanislas Xavier reçut le titre de comte de Provence.

Intelligent et ambitieux, il se composa le personnage du prince éclairé et lettré, tout en frondant sournoisement le gouvernement de son frère Louis XVI, notamment à l' Assemblée des notables en 1787.

En juin 1791, alors que le roi échouait, à Varennes, dans sa tentative de fuite, il réussissait à passer la frontière belge. Assumant le rôle de régent de la couronne pour son frère captif, il s efforça de mobiliser contre la France révolutionnaire les monarques européens.

 

Il n'était encore que le comte de Provence lorsque Van Loo et J.M Fredou firent ces portraits du futur Louis XVIII de Bourbon


La mort de son neveu Louis XVII, en juin 1795, lui permit de se proclamer roi de France sous le titre de Louis XVIII.

 

Il résidait alors à Vérone.

 

L' irruption des Français en Italie l' obligea de se réfugier d' abord en Allemagne puis dans les États du tsar, à Varsovie et à Mittau (Courlande), enfin, en Angleterre, au château de Hartwell (1807)

 

Il se faisait appeler alors le comte de Lille. Après le 18-Brumaire, croyant faire jouer à Bonaparte le rôle de Monk, il lui écrivit, dès le 20 février 1800, pour lui demander de restaurer tout bonnement la monarchie légitime.

 

Bonaparte ne songea à lui répondre que le 7 septembre :

« Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France ; il vous faudrait marcher sur 100 000 cadavres »


Louis XVIII attendit donc. La chute de Napoléon amena la restauration de la monarchie bourbonienne ; Louis XVIII rentra à Paris le 3 mai 1814, accueilli avec soulagement par une grande part de la nation comme garant d' un retour à la paix avec l' Europe et de la fin de la dictature militaire. Restauré par les victoires des ennemis de la nation, mal vu de tous ceux que leur conviction, leur fidélité ou leur intérêt liaient à la Révolution ou à l' Empire, il avait une partie difficile à jouer et la débuta fort mal. Il consentit à octroyer, en la datant de la dix-neuvième année de son règne, une charte constitutionnelle, puis laissa son gouvernement accumuler les maladresses dans une totale méconnaissance de la France nouvelle qui était née depuis vingt-cinq ans. Que Napoléon ait pu reconquérir la France en vingt jours sans tirer un coup de feu, lors du retour de l' île d Elbe, fait assez mesurer l' échec de la première Restauration.

Louis XVIII dut alors se réfugier à Gand, où il demeura pendant les Cent-Jours, soutenant la fiction d' une alliance avec les autres souverains contre la seule personne de Napoléon et non contre la France ; ce qui devait lui permettre, après son second retour à Paris (8 juill. 1815), d' atténuer quelque peu les conséquences de la défaite de Waterloo.
Il sut alors tirer les leçons des sottises et des fautes de son premier rétablissement ; il s' efforça de limiter les représailles que voulaient exercer les royalistes exaspérés contre les partisans de Napoléon et de promouvoir une réconciliation nationale.

 


Portrait par Elisabeth Vigée Lebrun en 1776

 

 


Louis XVIII en costume de sacre, par un auteur inconnu

La Charte qu'il avait "octroyée" dès 1814 avait institué en France une monarchie constitutionnelle à l'anglaise, et malgré l'affirmation des principes de l'Ancien Régime, offerte pour rassurer les émigrés, mais trouvée provocante par les partisans d'une politique libérale, elle consacre l'essentiel des conquêtes de la Révolution.

 


Portraits par François Hubert Drouais : en 1767 "devant un globe", en 1771 "en grand habit de l'ordre du St Esprit" et en 1773

La seconde Restauration, avec la Chambre introuvable, débuta par une réaction royaliste violente qu'on a appelée la Terreur blanche ; puis les ministères Richelieu et Decazes firent l'essai d'une politique modérée, conforme aux stipulations et à l'esprit de la Charte ; enfin, après l'assassinat du duc de Berry, neveu du roi (1820), une nouvelle réaction eut lieu, caractérisée surtout par l'avènement du ministère Villèle (1821).

Affaibli par ses infirmités, adroitement circonvenu par une nouvelle favorite, Mme du Cayla, le roi laissa son frère et héritier, le futur Charles X, prendre une influence croissante sur le gouvernement ; le duc de Richelieu, qui avait été rappelé au pouvoir après la chute de Decazes, fut obligé de se retirer ; le nouveau ministère, investi en décembre 1821, fut composé d' ultraroyalistes décidés à consolider la réaction ; leur chef, le comte de Villèle, devait garder le pouvoir jusqu à la fin de 1827. Le fait marquant de la fin du règne fut l' intervention de la France en Espagne pour y écraser le régime libéral, issu du pronunciamiento de janvier 1820.

Louis XVIII mourut en 1824.

 

Inauguration de la statue équestre d'Henri IV sur le Pont-Neuf, 25 août 1818

 

Inauguration de la statue équestre d'Henri IV sur le Pont-Neuf, 25 août 1818.Par Hippolyte LECOMTE (1781-1857)

Inauguration de la statue équestre d'Henri IV sur le Pont-Neuf, 25 août 1818.
Par Hippolyte LECOMTE (1781-1857)
1842
Musée national du Château de Versailles

 

Comme les autres statues de souverain (Louis XIV place Vendôme et place des Victoires, Louis XV place de la Concorde), le monument dédié à Henri IV sur le Pont-Neuf avait été abattu pendant la Révolution. Dès 1814, on l’a vu, une version en plâtre l'y avait remplacée. On demanda au sculpteur Lemot une nouvelle statue, inaugurée à l’emplacement primitif en 1818, le jour de la Saint-Louis, autre date significative. C’est la cérémonie d’inauguration de ce monument particulièrement symbolique qui est ici représentée : un arc de triomphe blanc, couleur de la monarchie, avec le chiffre d’Henri IV, a été temporairement édifié. Dans la tribune placée face au terre-plein et à la place Dauphine, ont pris place les autorités, figurent le roi Louis XVIII, sa famille et notamment sa nièce, la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI, ainsi que les membres éminents de la Cour. Les troupes rendent les armes, la foule, toutes classes et tous âges confondus, applaudit.

C'est avec le bronze récupéré de la statue du général Desaix déboulonnée de la place des Victoires, la statue de Napoléon de la colonne Vendôme et celle de la colonne de Boulogne-sur-Mer qu'est réalisée une copie de la statue de Henri IV détruite à la Révolution. Louis XVIII commande la statue à François-Frédéric Lemot qui la recrée d'après des gravures ; elle est inaugurée en 1818.

Le fondeur était, dit-on, bonapartiste, et aurait caché dans la statue une statuette de Napoléon. Effectivement, la restauration réalisée récemment permit de découvrir 4 boîtes en plomb qui contenaient les documents officiels et des médailles de l'inauguration et 3 petites boîtes inattendues contenant des documents dont la teneur n'a pas été révélée.

De Bure, dans son édition de 1836 nous apprend que La Henriade qui fut publiée en 1785 en 2 vol. in-8° par l'imprimerie de la Société littéraire typographique sous le titre de « la Henriade, poème, suivie de notes et de variantes », trente exemplaires de cette édition ont été tirés sur vélin et que l'un d'eux a été placé, en 1818, dans le ventre du cheval de la statue équestre d'Henri IV, rétablie cette même année (le 25 août 1818) sur le terre-plein du Pont-Neuf à Paris.

 

Le procès-verbal d'embaumement de la momie de Louis XVIII (1824)



Louis XVIII est le dernier souverain à être mort en exercice, dans son palais.

Avant de livrer le contenu du procès-verbal d’embaumement, rappelons les conditions de sa mort et ce que révéla l’autopsie.




La mort de Louis XVIII (16 septembre 1824)

Au début du mois de septembre 1824, les jambes rongées par la gangrène, le roi sentit que sa fin était proche.
Hier d’un physique si gras et volumineux, il était désormais d’une certaine maigreur. Quand elle alla le voir le 31 août, la duchesse d’Orléans le trouva assis, totalement courbé, la tête sur son bureau, parlant d’une voix si faible qu’elle dut s’approcher de lui pour l’entendre. Sa main était celle d’un squelette.

Le 12 septembre, Louis XVIII se coucha pour ne plus se relever.
L’agonie, par une chaleur étouffante, fut aussi effroyable que celle de Louis XV en 1774. Elle dura trois jours.
Une foule nombreuse passa la nuit du 14 au 15 septembre au pied du palais des Tuileries à attendre et à prier.
- J’ai donc fait quelque bien ? demanda le roi dans un souffle.

Au premier étage, la galerie de Diane était pleine de courtisans, de maréchaux, d’anciens ministres, des notables de la restauration. Etaient notamment présents Villèle, Pasquier, Decazes, les maréchaux Marmont et Suchet, le duc de Fitz-James …
Les appartements privés précédant la chambre du mourant étaient bondés. Des médecins, des ministres, l’ambassadeur de Naples, le nonce du pape, dom Miguel, la famille royale, des valets et des officiers de cour épuisés, dont beaucoup n’étaient pas de service, se trouvaient là par affection, par fidélité, par désir de ne pas être laissés de côté, plutôt que par devoir. Parmi eux, les vieux amis du roi, Charles de Damas, Gramont, Havré et Blacas, et même le vieil ennemi, Talleyrand ! Les princes du sang, Orléans et le duc de Bourbon, étaient aux places qui leur revenaient auprès du roi.
Dans la chambre demeurait Mgr de Frayssinous, le grand aumônier, l’archevêque de Paris, ainsi que son confesseur l’abbé Rocher.
Le soir, le vieux et sceptique monarque se fit apporter un crucifix.


Louis XVIII et la famille royale assistent du balcon des Tuileries
à l'entrée des troupes de retour d'Espagne après la victoire du Trocadero (1823),
par Louis Ducis © Photo Dagli Orti, Château de Versailles
A droite : la duchesse d'Angoulême et la duchesse de Berry portant le petit duc de Bordeaux (Comte de Chambord / futur Henri V) ;
au centre, le duc d'Angoulême embrasse la main du roi Louis XVIII ; à gauche, Monsieur, comte d'Artois, frère du roi.
Nous sommes au premier étage du pavillon central du palais des Tuileries, face au grand axe des Champs Elysées.
Au premier plan, le jardin des Tuileries. Au fond, l'arc de Triomphe.
On mesure la superbe vue, la seule vraie perspective, que l'on avait depuis les Tuileries.
Perspective disparue depuis l'incendie (1871) et la destruction (1883) du palais des Tuileries,
puisque le Louvre est désaxé par rapport à la perspective triomphale ...
Il ne reste plus que deux bras maigres tendus dans le vide.



Dans la matinée du 13, la famille royale et la cour, les cierges allumés à la main, accompagnèrent le Saint Sacrement de la chapelle de l’aile Nord des Tuileries, jusqu’à la chambre du Roi, au Sud-Ouest des grands appartements. Louis reçut la communion et l’extrême-onction, suivant et corrigeant les prières d’une voix qui n’hésitait pas. A la fin, les siens s’agenouillèrent pour lui demander sa bénédiction et il eut une dernière fois la force de dire : « Adieu, mes enfants. Que Dieu soit avec vous. » Il souffrait beaucoup, le corps parcouru de frissons et de bouffées de chaleur, la respiration devenant de plus en plus difficile. Le pouls et le cœur s’affaiblissaient et il se décomposait vivant : détail horrible, trois ou quatre orteils se détachèrent du pied droit en putréfaction.
Puis les râles commencèrent. A proximité du lit, la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI et de Marie Antoinette et nièce de Louis XVIII, pleurait. Elle se souvenait de Versailles avant 1789, des Tuileries d’avant 1791, de Mitau, de Varsovie et d’Hartwell, les années d’exil avec son oncle.


Mort de Louis XVIII, Cabinet des Estampes, © BNF



Le 16 septembre à quatre heures du matin, Portal, le médecin du Roi, laissa retomber le rideau du lit. Le premier gentilhomme de la Chambre s’avança alors vers le comte d’Artois :
- Sire, le Roi est mort !
La duchesse d’Orléans raconta plus tard : « Bientôt, on ne l’a plus entendu. A 4 heures, on lui a mis de l’alcali dans le nez, il n’a fait aucun mouvement. Les médecins ont pris une bougie pour s’assurer qu’il avait cessé de souffrir.
Alors, par un mouvement spontané, nous nous sommes tous levés et approchés respectueusement de ce lit de mort.
Le duc d’Angoulême, qui était le plus en avant, s’est approché de Monsieur, lui disant dans l’oreille : ‘’Mon père, tout est fini.’’ Monsieur, accablé de corps et d’âme, a paru ne pas comprendre, jusqu’à ce que le comte de Damas, s’avançant vers lui d’un air triste et respectueux, lui eut dit : ‘’ Sire, le roi est mort …’’
»
La famille royale quitta aussitôt la pièce – l’étiquette l’exigeait – mais au moment de franchir la porte, Marie-Thérèse de France, qui en sa qualité de fille et de sœur de roi prenait toujours le pas sur son mari le duc d’Angoulême fils de Monsieur, frère de Louis XVIII, eut l’étonnante présence d’esprit de s’effacer et, à travers seslarmes, on l’entendit dire vivement à son épouse :
- Passez donc, Monsieur le Dauphin !

Le règne de Charles X venait de commencer.



L’autopsie de Louis XVIII
Le corps fut transporté dans une petite pièce attenante aux appartements privés et ouvert le 17 septembre 1824. Elle a été menée par une équipe de 28 chirurgiens dirigée par les docteurs Ribes (médecin ordinaire de l’Hôtel royal des Invalides) et Breschet (anatomiste réputé).
C’est curieusement Talleyrand qui eut la charge de leur confier la dépouille royale.

L’ouverture commença à 8 h du matin, soit plus de 24 heures après le décès. Le corps était froid et décoloré, les muscles raides. La décomposition était avancée aux membres inférieurs (en raison de la gangrène), surtout à la partie inférieure de la jambe droite.
Les médecins remarquèrent à la partie supérieure gauche du front la trace marquée d’une cicatrice ancienne.
Le tronc semblait conserver quelques vestiges d’embonpoint ici et là. Les parties osseuses paraissaient très développées. Une large escarre couvrait la région du sacrum.

La tête était très volumineuse. Son côté gauche semblait plus développé que l’autre. Les os du crâne d’une couleur jaune très marqué ; ils étaient très minces en arrière et fort épais en avant.
Le crâne fut scié horizontalement et une grande quantité de sérosité s’écoula. Les circonvolution du cerveau furent observées très saillantes et consistantes. La glande pinéale était très grosse et offrait des granulations.

La poitrine était encore recouverte d’une couche de tissu cellulaire chargé d’une graisse d’une couleur très foncée . Derrière le sternum, on trouva également une grande quantité de tissu cellulaire chargé de graisse.

Les poumons étaient en assez bon état, malgré une infection de la plèvre. Le cœur, très volumineux, était enveloppé de graisse jaune ; des calcifications se repéraient sur la valve mitrale .

Au ventre a un grand développement et les muscles sont très minces. La vésicule biliaire est très volumineuse, pleine d’une bile jaune foncé dans laquelle nageaient une trentaine de calculs polyèdres.

Pour ce qui est de l’estomac, on trouva une tumeur (ou un polybe ?) à l’orifice duodénal , ainsi qu’au mésentère.
Les reins étaient eux aussi entourés de graisse.

Au total, les muscles de tout le corps se laissaient déchirer assez facilement …

Mais des lotions faites avant, pendant et après l’ouverture avec du chlorure d’oxyde de sodium ont été appliquées pour ôter l’odeur et ralentir le processus de décomposition avant l’embaumement.


Louis XVIII, Roi de France et de Navarre, par Gérard,
Ambassade de RFA, Hôtel de Beauharnais, Paris




L’embaumement du corps du Louis XVIII
Il suivit l’autopsie. On peut dire que fut appliqué un traitement de cheval au cadavre royal. Jugez plutôt.

En voici le procès verbal intégral.

Procès-verbal de l'embaumement du roi Louis XVIII



« Aujourd’hui 17 septembre 1824, immédiatement après l’ouverture du corps du feu roi Louis XVIII, et conformément aux instructions qui nous ont été données par monsieur le marquis de Brézé, grand maître des cérémonies de France, nous soussignés avons procédé à l’embaumement de la manière suivante :

A – Le cœur du Roi, après avoir été ouvert, vidé, lavé et macéré pendant quatre ou cinq heures dans une solution alcoolique de deuto-chlorure de mercure ou sublimé corrosif, et avoir été rempli et environné d’aromates choisis, a été enfermé dans une boîte de plomb portant une inscription indicatrice de l’objet précieux qu’elle renferme.

B - Les viscères des trois grandes cavités du corps, après avoir été pareillement ouverts, incisés, lavés et macérés pendant six heures dans la solution susdite, ont été pénétrés, remplis et environnés d’aromates, et enfermés dans un baril en plomb portant une inscription indicative des parties qu’il renferme.

C – La totalité de la surface du corps et celle des grandes cavités a été lavée successivement avec une solution d’oxyde de sodium et avec une dissolution alcoolique de deuto-chlorure de mercure.

D - Les parties charnues , tant du tronc que des membres, ont été incisées largement et profondément. Elles ont été lavées ensuite avec les solutions susdites.

E - Les surfaces du corps, celles de ses cavités et des incisions, ont été enduites à plusieurs reprises d’un vernis à alcool.

F - Toutes les cavités ont été remplies de poudres formées d’espèces aromatiques et de substances résineuses variées.

G - Ces cavités ont été fermées par l’application de leurs parois, soutenues par le moyen de sutures nombreuses.

H - Les membres, le bassin, le ventre, la poitrine, le col et la tête ont été successivement entourés de plusieurs bandes méthodiquement appliquées.

I - Toute la surface du corps ainsi enveloppée a été couverte de plusieurs couches de vernis.

J - Sur ce vernis ont été appliqués des bandes de diachilon gommé.

K – Sur les bandes de diachilon, d’autres bandes de taffetas vernissé ont été appliquées.

L - Enfin, une dernière couche de bandes a été appliquée sur le taffetas vernissé.

M – L’embaumement terminé, la tête du feu Roi a été couverte d’un bonnet, son corps d’une chemise, ses bras et sa poitrine d’un gilet à manches en soie blanche. Tout le corps d’un linceul de baptiste.

C’est dans cet état que le corps du Roi a été remis à M. de Brézé pour être déposé dans le cercueil qui doit enfermer ses restes mortels à Saint-Denis.

Signé : Portal, Alibert, Dupuytren, Fabre, Distel, Thévenot, Portal pour Ribes, Auvity, Breschet, Marx, Moreau, Bardenat, Vesques, Dalmas, Delagenevraye. »



Le corps fut placé dans un cercueil en plomb scellé, puis dans un cercueil en bois. Puis exposé en grand apparat dans un catafalque au fond de la grande chambre de parade - salle du trône du palais des Tuileries, transformée en chapelle ardente :


Chapelle ardente du Roi Louis XVIII dans la salle du trône des Tuileries.
Dessin aquarellé de Jean-Baptiste Isabey (1767-1855)
Musée Carnavalet - cliché des musées de la ville de Paris - © by SPADEM 1987



N’ayant pas été malmené par les révolutions et les guerres, il est toujours présent dans le caveau sous la crypte.


Dalle funéraire de Louis XVIII, installée vers 1970 dans la crypte sous le choeur.
On notera la simplicité du parti adopté.



Comme ne cercueil n’a jamais été ouvert depuis 1824, il est impossible de juger de l’efficacité de tout cet ensemble de soins de conservation. Lorsque l’on sait que les corps d’Henri IV, Louis XIII et Louis XIV furent retrouvés en 1793 en bon état de conservation alors que l’embaumement avait été beaucoup plus rudimentaire qu’en 1824, on peut toujours espérer que le visage de Louis XVIII soit resté quelque peu conservé …


On trouve ce procès-verbal d'embaumement dans le livre du docteur Philippe Charlier : Médecin des morts, récits de Paléopathologie, Fayard, 2007. On y trouve également le procès-verbal de l'autopsie ; mais nous n'avons fait ici que résumer ce dernier.

 

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